Dévotion canine à New York

L'expression « le chien est le meilleur ami de l'homme » reflète un lien profond, fondé sur la loyauté, la camaraderie et l'amour inconditionnel. Lors d'un de mes voyages à New York, j'ai appris que cette définition, aussi belle soit-elle, transcende la grandeur de ce qu'ils font pour nous. C’est là que j’ai découvert les chiens de recherche, de sauvetage et de soutien émotionnel. Ils transforment notre vision de la dévotion canine en jouant un rôle héroïque. Je partage ici une petite partie de l'incroyable performance de ces chiens au World Trade Center après l'attentat du 11 septembre 2001.

Lorsque nous repensons à ce jour fatidique, nos esprits ont tendance à se concentrer sur les images dévastatrices de l’effondrement des tours. Rares sont ceux qui se souviennent de la contribution importante de ces chiens de sauvetage exceptionnels, qui ont joué un rôle essentiel dans ces heures et jours sombres qui ont marqué l’histoire des États-Unis.

Alors que le monde observait avec perplexité les événements de l’attaque se dérouler minute après minute, le Département de gestion des urgences de New York a rapidement mobilisé des équipes de recherche et de sauvetage, sollicitant également le soutien de la FEMA – Agence fédérale de gestion des urgences. Beaucoup d’hommes et de femmes formés à ce type de mission avaient succombé lors de l’effondrement des tours. En réponse, des équipes de recherche urbaines de tout le pays ont attendu avec impatience d'être appelées.

En quelques heures, le groupe de travail du New Jersey a installé sa base d'opérations au Jacob Javits Convention Center à Manhattan. Parmi les nombreuses demandes, celle des chiens de recherche était urgente. En réponse, 80 chiens dressés par la FEMA ont rejoint la mission.

Le temps était crucial pour retrouver des survivants dans des conditions extrêmes : montagnes de décombres instables, métaux tordus, fumée dense, poussière, risques d'explosions secondaires, chaleur intense, difficultés respiratoires, etc. Les chiens et leurs maîtres ont travaillé sans relâche par équipes de 12 heures. Pour des raisons de sécurité, ils étaient dépourvus de colliers et de laisses, qui n'étaient utilisés que dans des situations critiques, comme le risque de chute dans des interstices profonds.

Dès qu’ils recevaient les ordres de leurs entraîneurs, ils restaient totalement concentrés sur leurs tâches, ignorant tout ce qui les entourait, même lorsqu’ils étaient entourés d’un bruit intense et d’un environnement de stress extrême.

Ils avaient besoin de sentir le terrain pour assurer leur stabilité et leur équilibre et ne pouvaient donc avoir aucune protection sur leurs pattes. Leur agilité impressionnante leur permettait de se déplacer dans des endroits où les humains ne pourraient jamais aller. Chaque fois qu'un chien manifestait de l'intérêt pour une zone, un autre était appelé pour confirmer la découverte, garantissant ainsi l'exactitude du travail.

Les chiens sentaient l’espoir au milieu de tant de destructions.

Alors que nous, les humains, considérons le 11 septembre comme un sombre épisode de profonde tristesse, pour les chiens de sauvetage, c'était un formidable terrain de jeu. Trouver des survivants – ou ceux qui n’ont pas eu cette chance – était comme un jeu de cache-cache avec des récompenses à la fin. Cette approche ludique, qui faisait partie de leur formation, les a gardés motivés même au milieu du chaos.

À la fin de chaque service, la priorité était de prendre soin des héros à quatre pattes, traités comme les choses précieuses qu'ils sont réellement. Ils ont été emmenés au centre vétérinaire installé au Jacob Javits Convention Center, pour y subir un examen de routine et prendre un bain de décontamination. Les yeux et les oreilles ont été soigneusement nettoyés pour éliminer la poussière et la crasse tandis que les pattes blessées étaient bandées. Le protocole était le suivant : ce n’est qu’après s’être assuré du bien-être de leurs compagnons canins que les maîtres pouvaient prendre soin d’eux-mêmes.

La New York Oriental School of Medicine a également offert son soutien, en proposant des massages, des séances d'acupuncture et de chiropratique aux chiens et à leurs maîtres. Le soutien apporté aux chiens a été extraordinaire. Les soins exceptionnels reflétaient la gratitude et l’importance de leur travail.

Pendant les périodes de repos, ils redevenaient des chiens comme les nôtres, avec la même envie de jouer, d'aller chercher leurs jouets et de recevoir de l'affection. Si d’un côté ces moments leur garantissaient une attention particulière de la part des ouvriers, de l’autre, ils apportaient un soulagement à leur entourage. Face à la gravité de la situation, les pompiers et les secouristes de tous les États sont arrivés à New York, loin de leurs familles pendant de longues périodes et confrontés à un scénario désolant. Ces moments de jeu ou de caresses avec les chiens étaient comme une recharge émotionnelle, leur permettant de reprendre leurs tâches avec plus de force et de motivation.

Au fil des semaines, les recherches ont diminué et la frustration a commencé à faire des ravages chez les chiens, qui n'avaient plus les « jeux de recherche ». Pour les garder motivés, les formateurs ont eu recours à des astuces créatives, comme cacher les membres de l'équipe dans les décombres et simuler un sauvetage.

Pendant ce temps, une autre équipe de héros est arrivée pour offrir du réconfort : des chiens de soutien émotionnel. On estime qu'environ 500 chiens ont été mobilisés pour aider les bénévoles, les travailleurs, les blessés et les membres de leurs familles à faire face à la douleur et aux traumatismes. Avec l'aide de la Croix-Rouge, de l'Armée du Salut et de l'American Society for the Prevention of Animal Cruelty, le Centre de soutien aux familles a été créé au Quai 94.

Ils se trouvaient là dans le transport qui emmenait les ouvriers sur le lieu de l'attaque. Ils ont contribué à soulager les tensions et à maintenir la raison afin que chacun puisse affronter un autre jour – après tout, imaginez revivre les horreurs chaque jour.

Comme de nombreux membres de la famille avaient besoin d'enregistrer la disparition de leurs proches, caresser ou jouer avec un chien était un soulagement momentané mais puissant d'une douleur insupportable. Beaucoup ont trouvé dans les regards et les caresses compréhensives un espace sûr pour exprimer leur tristesse. Ils ont partagé leurs histoires et leurs désirs avec les chiens, qui écoutaient en silence. Après cette explosion, les gens se sont sentis légers et réconfortés.

Compte tenu des circonstances, beaucoup n’ont pas pu assister à la veillée funèbre nécessaire. L'adieu symbolique a été une cérémonie avec la remise du drapeau américain et d'une urne contenant les cendres des décombres. Dans ces moments-là, les membres de la famille étaient soutenus par une queue qui remuait, des regards doux, offrant un réconfort silencieux dans un scénario où les mots manquaient souvent. Ces créatures extraordinaires étaient responsables du rétablissement émotionnel de nombreuses personnes.

Un an plus tard, un hommage a été rendu à tous ceux qui ont travaillé avec courage et à ceux qui sont décédés. La dévotion canine était une fois de plus présente.

L’ampleur des attentats du 11 septembre a laissé de profondes cicatrices et a mis en lumière le pouvoir transformateur de l’amour et de la compassion. Dans un héritage de dévotion, ces héros à quatre pattes ont non seulement sauvé des vies ; ils ont ravivé l’espoir. Ils ont amené l’humanité dans une situation de désolation, ont aidé la nation à se remettre sur pied et à trouver la force de continuer. Non seulement ils faisaient partie de l’histoire, mais ils ont contribué à la réécrire.

Le dévouement et le courage de chacun d’eux témoignent de la puissance du lien entre l’homme et l’animal.