ALASKA
- Noëlle Francois

- 26 mai
- 7 min de lecture

Que diriez-vous de vous aventurer en terres sauvages, de vous perdre dans le silence des glaciers, d'observer les ours pêcher dans les rivières et de contempler la nature avec une âme souveraine ? Alaska, nous voilà !
Comme il s'agit d'une destination isolée et que les paysages s'étendent sur de longues distances, la meilleure décision était d'explorer l'Alaska en bateau. Cela nous éviterait les allers-retours fatigants entre les aéroports et les correspondances. Chaque journée commençait par une nouvelle vue depuis notre fenêtre.
À notre réveil, nous étions déjà au bon endroit, les excursions étant prêtes à nous connecter avec la nature sauvage. Le soir, après un dîner réchauffé par de bonnes conversations et des saveurs locales, il ne nous restait plus qu'à nous laisser bercer par le doux murmure des eaux tandis que, silencieusement, le navire nous emmenait vers une autre contrée inconnue.
Comme prévu, j'étais anxieux ; je ne voulais rien manquer ! J'ai préparé mon programme avec soin, veillant à ne rien manquer des précieux charmes que l'endroit avait à offrir. Nous avons embarqué à Vancouver, au Canada, en fin d'après-midi. Après avoir pris connaissance des consignes de sécurité, essentielles pour voyager en bateau – le Titanic en est un bon exemple – et nous être installés dans notre cabine, nous sommes partis explorer ce qui allait devenir notre nouvelle maison flottante. La nuit, dans l'obscurité la plus totale, nous ne voyions rien à l'horizon, juste le vide.
Le jour venait à peine de se lever que je courus sur le balcon, pris de curiosité. Où étions-nous ? Ce que je vis me laissa sans voix : un lever de soleil d'une délicatesse indescriptible, baignant un paysage d'une beauté presque intacte. C'était comme si le monde s'était arrêté juste pour que je puisse le contempler à cet instant précis.

Notre première étape fut la pittoresque ville de Ketchikan, connue pour sa riche culture indigène, sa faune abondante et, bien sûr, son fier titre de « capitale mondiale du saumon ». Les totems colorés qui parsèment les rues témoignent de l'héritage des peuples Tlingit et Haïda, tandis que le cadre pittoresque, entre détroits et jungle, complétait ce décor de carte postale.

Mais venons-en au fait : les ours ! La journée leur était consacrée. J’avoue que, tant l’anxiété était telle, j’ai à peine dormi la nuit précédente. Comme tout là-bas exige de longs voyages, nous allions une fois de plus nous lancer dans un voyage – cette fois en petit avion monomoteur – vers l’habitat naturel de ces gardiens de la forêt.
Nous étions prêts à décoller lorsque le pilote nous a annoncé la nouvelle : le voyage était annulé. L’épais brouillard nous empêchait d’obtenir l’autorisation de décoller. Sérieusement ? Incroyable ! Moi qui rêvais de voir des centaines d’ours, je voyais maintenant mon rêve reporté par la force de la nature. Mais si vous n’avez pas de chien, chassez avec un chat. Et c’est comme ça que nous avons improvisé.
Nous avons décidé d'explorer le parc national voisin. Après une agréable promenade dans la forêt humide et silencieuse, notre récompense est arrivée. Il était là, un ours joueur, chassant le saumon sous nos yeux. Face à cette créature sublime, j'étais complètement enchanté. Je n'ai même pas cligné des yeux. Chaque seconde était un cadeau. Dans cet instant inoubliable, j'étais certain que ma mission était plus qu'accomplie.
S'il y avait une chose qui ne nous manquait pas, c'était la rencontre avec des animaux fascinants et variés. À Juneau, nous avons passé la journée entière à admirer les magnifiques baleines. À quelques minutes en bateau, elles étaient là, et nous étions fascinés par leurs gracieuses pirouettes. Leur nage sereine et cette queue exubérante qui apparaissait et disparaissait avec élégance formaient une chorégraphie au cœur d'un décor poétique. À mes côtés, le biologiste Jack racontait avec enthousiasme chaque détail de ces mammifères. Nous avons navigué pendant des heures, mais pour moi, tout a passé à la vitesse de la lumière.
Et comme la nature semblait prête à nous impressionner, nous avons terminé la journée au bord d'une rivière (dont le nom, je l'avoue, m'a complètement échappé). Là, nouveau spectacle : des centaines de saumons nageant librement, accomplissant leur cycle de vie dans un écosystème dynamique. Une nouvelle leçon, cette fois sur la résistance, l'instinct et le renouveau.
Le capitaine semblait savoir que nous avions besoin d'une pause. Le lendemain, le navire est resté en mer. Pas d'accostage, pas de précipitation. C'était le jour de détente tant attendu ! Et quelle incroyable façon de ralentir le rythme ! J'ai participé à un séminaire avec les Esquimaux – ou plutôt les Inuits – un peuple autochtone qui habite les régions arctiques glacées de l'Alaska. Une véritable immersion culturelle qui, en plus d'être fascinante, nous invite à repenser nos valeurs et à revoir de nombreux concepts. Et entre nous… un Esquimau là, devant moi, racontant ses histoires. Moi ? Dans un pur état de « pincez-moi pour voir si c'est vrai ! »
Mais la journée nous réservait encore une surprise. L'après-midi, un autre séminaire. Cette fois en plein air, accompagné d'un vin chaud à la proue du navire. Nous étions sur le point d'entrer dans un sanctuaire : l'imposante région glaciaire. L'immensité était à couper le souffle. Tandis que les experts expliquaient la géologie et l'écosystème local, tous, sans exception, étaient fascinés par la beauté environnante.

Et comme dans un scénario de film, un événement colossal s'est produit : un énorme bloc de glace s'est détaché du glacier et est tombé dans la mer. Le rugissement ! La vague qui s'est formée, tout s'est déroulé devant nous comme au ralenti. Un spectacle naturel… qui porte aussi un douloureux avertissement. L'effondrement n'était pas seulement un phénomène naturel, c'était un cri ; un signe clair que le réchauffement climatique, résultat de la négligence humaine, dissout lentement des merveilles comme celle-ci.

Nous sommes arrivés sur la terre ferme. À Skagway, la journée promettait d'être riche en aventures extrêmes. Nous avons embarqué dans un train, un de ces trains dignes des westerns, traversant gorges et vieux tunnels en bois. Pendant quarante minutes, nous avons serpenté entre montagnes et falaises, au cœur de paysages à couper le souffle. La destination finale était un lac alpin aux eaux cristallines, où une autre expérience nous attendait : explorer sa beauté à bord de kayaks. À chaque coup de pagaie, de nouveaux paysages apparaissaient, des reflets parfaits, des silences profonds, la pureté intacte d'une nature. Ce sont ces moments qui rendent les voyages uniques et laissent des traces éternelles dans nos mémoires.
De retour au village, nous avons fait une petite promenade dans les environs. Le froid nous a incités à nous réfugier dans l'un des cafés locaux. Nous nous sommes réchauffés avec un chocolat chaud et avons savouré les spécialités régionales.
Dernière nuit à bord. Il était temps de dire au revoir à la croisière et à l'équipage qui a rendu ce voyage tout simplement inoubliable. Ce furent des journées intenses, riches en découvertes, en paysages époustouflants et en rencontres mémorables.
Pas d'inquiétude, l'aventure est loin d'être terminée ! Nous entrons maintenant dans une nouvelle étape – et quelle étape ! Nous embarquons à bord du légendaire train GoldStar, réputé pour offrir l'une des expériences ferroviaires les plus panoramiques au monde. Sa voiture vitrée, avec ses fenêtres latérales et son toit entier, nous plonge dans le paysage, comme si nous étions à l'intérieur d'un documentaire en direct.
Pendant des heures, nous sommes fascinés par des paysages à couper le souffle : d’immenses montagnes enneigées, des glaciers imposants, des lacs aux eaux cristallines et des forêts denses. Tout est conçu pour que rien ne passe inaperçu dans la nature intacte de l’Alaska.
Prochain arrêt : Anchorage. Une pause bienvenue pour se ressourcer, respirer profondément et se préparer pour la suite de cette expédition.
Pour la dernière étape du voyage, notre destination était le parc national et réserve de Denali, où se dresse le monumental mont McKinley – aussi appelé Denali –, le point culminant d'Amérique du Nord. Un véritable temple de la nature sauvage, avec des paysages dignes d'un tableau.

La mission était désormais claire : jumelles en main et l’œil aux aguets. Le but ? Repérer les élans. Et ce n’était pas difficile. Ils apparaissaient partout, grands, fiers, avec leurs bois impressionnants dessinant de puissantes silhouettes dans le paysage. Un spectacle qui nous rappelait, une fois de plus, la grandeur du monde qui se révélait là, dans sa forme la plus pure et la plus splendide.

Pour terminer notre odyssée en beauté, nous ne pouvions manquer de rendre visite aux chiens de traîneau, protagonistes de la célèbre course Iditarod . Cette compétition annuelle de longue distance traverse l'Alaska, d'Anchorage à Nome, sur un parcours de plus de 1 600 km. C'est une épreuve d'endurance extrême, tant pour les mushers (conducteurs de traîneau) que pour les chiens, qui doivent affronter des conditions météorologiques extrêmes.
Mais pour moi, défenseur des droits des animaux, cette visite a eu un goût amer. Derrière le mystère de la course se cache une dure réalité incontournable. Des organisations comme PETA dénoncent le traitement inhumain infligé aux chiens, qui ne survivent souvent pas jusqu'à la fin de la compétition. Les températures peuvent atteindre -50 °C, un froid si intense qu'il glace des vies. Les mushers rapportent que de la glace se forme sous leur peau et que les chiens meurent silencieusement, sans que rien ne soit fait.
Bien que traditionnelle, la course a été la cible de vives critiques. Et à juste titre. Terminer le voyage là-bas, sous les yeux déjà trop arrosés, a été un rappel désagréable : toutes les traditions ne méritent pas d'être applaudies. Certaines doivent être repensées avec compassion, courage et responsabilité.

Et c'est ainsi, chargés de souvenirs, que nous sommes arrivés au terme de ce voyage au pays des contrastes intenses, où la nature règne dans sa forme la plus complète, la plus belle et, parfois, la plus brutale. J'ai vu des baleines danser dans la mer, d'imposants élans croiser mon chemin, un ours solitaire, des glaciers s'effondrer sous mes yeux et des chiens raconter des histoires de résistance et de douleur.
Ce furent des journées d'enchantement, de découvertes et de questionnements profonds. Car voyager ne se résume pas à collectionner des paysages, c'est se laisser transformer. Nous mettre au défi. Éveiller, à chaque pas, plus d'empathie, de conscience et de respect pour la planète. L'Alaska est derrière moi, mais l'expérience… je l'emporte avec moi. Elle est gravée dans mon âme.







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